Une conversation avec l’équipe artistique, le public et Pierre Sidon, membre de l’ECF et de l’AMP.
Argument
La tragédie de Richard III clôt la première tétralogie historique du jeune Shakespeare. Il s’est emparé de la matière historique du siècle précédent à commencer par le long règne troublé d’Henry VI qui débute en pleine guerre de Cent ans pour s’achever avec le court règne de Richard III. Elle oppose deux dynasties, les Lancastre et les York, issues de deux frères. Shakespeare a joué avec la légende noire du dernier roi maudit d’York, diabolisation de son bref règne entretenue à dessein par la dynastie des Tudor qui met fin à la guerre des Deux-Roses. Il a façonné un tyran criminel « difforme », « inachevé », « dépêché avant terme »,– ce qui n’était pas le cas comme nous le savons aujourd’hui du réel Richard III –, qui comme il ne peut « être l’amant », que l’ennui le gagne en temps de paix, – il n’a que son ombre à regarder –, sera «déterminé à être scélérat1Shakespeare W., La Tragédie de Richard III, trad. Jean-Michel Désprats, Paris, Folio Théâtre, 2021, p. 56-57.». Et ne désirera rien d’autre que de devenir roi à la place de ses frères en se transformant en serial killer de sa propre famille…
Freud a fait du duc de Gloucester « un caractère d’exception » à partir de ce qu’il a pu observer chez les patients qui « dans leur première enfance » ont subi « un préjudice » pour lequel ils sont « innocents ». Richard III rejette toute forme de castration et incarne avec flamboyance le hors-la-loi qui ne reconnaît pas les petits autres comme semblable. Ce que nous pouvons tous sentir, ajoute-t-il à une toute petite échelle dès lors que nous réclamons « des compensations à de précoces mortifications de notre narcissisme, de notre amour-propre2Publications en lignes : Freud S., Quelques types de caractère dégagés par la psychanalyse, Bibliothèque numérique de l’UQAC.». Voici le destin scellé de ce Richard shakespearien et le public à celle d’une identification possible et secrète, qui accomplit « le présage du malheur » hululé par le hibou dès sa naissance au regard de « sa masse difforme et hideuse » qui aurait fait « éprouver plus que les douleurs d’une mère » à la « belle » duchesse d’York3 Shakespeare W., La Tragédie de Richard III, op. cit., p.32.. Ne lui lancera-t-elle pas avant de se rendre sur le champ de sa dernière bataille contre Richmond une nouvelle malédiction : qu’il y périsse en «sanguinaire», l’« infâme » ? Mais les crimes chez Shakespeare se paient de ghosts et d’une « lâche conscience » qui le « torture » en « mille langues différentes » mais plaident toutes : « Coupable, coupable ! » sans plus aucune « pitié pour lui-même4Ibid., p. 345.». L’un des plus longs et féroces monologues de l’œuvre du grand poète anglais que metteurs en scène et comédiens du rôle-titre continuent de jouer en ce XXI e siècle, non sans déployer des trouvailles dramaturgiques, toujours plus inédites, offrant aux spectateurs le miroir de « cette méchanceté foncière qui habite en ce prochain. Mais dès lors [qui] habite aussi en [soi]-même5Lacan J., Le séminaire, livre VII, L’Éthique de la psychanalyse, texte établi par Jacques-Alain Miller, Paris, Seuil, 1986, p. 219.». Effrayant courage du parjure, ou lucidité dans un dernier souffle avant de mourir, que de vouloir continuer de tenter « sa chance » en réclamant un nouveau « cheval » pour la bataille puisqu’«[e]sclave, il a joué sa vie sur un coup de dé6Shakespeare W., op.cit., p. 359.»?
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Le ,
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Théâtre Jean Arp
22, rue Paul Vaillant Couturier
92140 Clamart
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