Résumé :

« Quelle joie trouvons-nous dans ce qui fait notre travail ?[mfn]Lacan J., « Allocution sur les psychoses de l’enfant », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 369.[/mfn]» demandait Lacan en 1967. Cette question, plus que jamais d’actualité, traverse chaque rencontre dont témoigne ce nouveau numéro de Quarto. Au fil des pages, des bribes de cette joie sont égrenées par les auteurs qui, tous, entretiennent un lien étroit avec la question de l’autisme.
Les travaux publiés dans ce volume ont émergé du cycle de formation qu’organise le CERA, le Centre d’Études et de Recherches sur l’Autisme, qui a pour vocation l’enseignement et la recherche sur l’accueil et l’accompagnement des sujets autistes. Il vise à mettre en lumière des perspectives nouvelles qui, plutôt que d’imposer des conduites hypernormatives et homogénéisantes, font une place aux sujets autistes en accueillant leur singularité et donnent la parole aux parents ainsi qu’aux praticiens.
Une des préoccupations actuelles des parents touche au principe d’inclusion, qui divise les opinions. À partir de leur parcours singulier, ils interrogent la place à lui donner car, pour une part, l’inclusion s’apparente à une forme d’idéalisation. Là où pour certains sujets autistes de haut niveau, il s’agit dans l’inclusion d’un gain, pour d’autres où l’autisme s’accompagne d’une déficience, l’inclusion va de pair avec une perte. En effet, le droit à être inclus dans un parcours ordinaire donne l’illusion que l’on peut gommer la différence. Dans ce numéro, vous lirez la façon dont Patrick Sadoun, père d’un sujet autiste de trente ans, relève « cette volonté d’effacement de la pathologie dans l’inclusion généralisée » en pointant le risque majeur d’en« oublier la réalité[mfn]Sadoun P., « Autisme, handicap et présidentielles », dans ce numéro, p. 59.[/mfn]» et que les choses « finissent mal ». À ne pas prendre le réel au sérieux, il fait retour avec plus de véhémence.