Corps parlant

Conférence d’Anaëlle Lebovits-Quenehen, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP, Vice-présidente de l’ECF et délégué de l’ACF

Argument

Notre corps a très tôt intéressé la psychanalyse. Du symptôme hystérique compris comme signe et substitut d’une satisfaction pulsionnelle refusée, au « langage d’organe » où les innervations corporelles et la mosaïque des organes peuvent désorganiser la relation entre corps et pensée des schizophrènes, Freud a posé l’essence même de la psychanalyse : une pratique à l’interface de la parole et du corps. 

Lacan cernera ensuite ce qui résulte de l’emprise du symbolique : la parole décerne un corps à l’être. Au-delà du sujet de l’inconscient, il met l’accent à la fois sur l’inconscient conçu à partir de la parole, qu’il appelle parlêtre, et sur le corps parlant, nouant la parole à la jouissance du corps.

Ce corps parlant ne se réduit pas à la somme de ses parties, ce n’est donc pas le corps biologique, que l’empire de la technique promeut. C’est un corps qui est le produit de l’impact d’un dire et dont l’unité reste problématique. En 1974 dans sa conférence à Nice, Lacan pose que « ce qu’il y a comme trou au centre du langage vaut bien ce qu’il y a comme trou au centre de ce corps, dont nous ne savons que ses proliférations imaginaires1Lacan J., « Le phénomène lacanien », Tiré à part des Cahiers cliniques de Nice, n°1, juin 1998, p. 30.».

Un cap est franchi et les concepts sont remaniés. La pulsion s’actualise comme « écho dans le corps du fait qu’il y a un dire2Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le sinthome, Seuil, Paris, 2005, p. 17.». Le symptôme-métaphore cède la place à une lecture du sinthome comme événement de corps. L’interprétation se fait moins déchiffrage et oracle que dire qui vise la jouissance, mode de parole qui consonne avec le réel du vivant.

À notre époque « corps parlant3Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, Seuil, Paris, 1975, p. 118.» oriente ainsi la psychanalyse vers le traitement du « mystère […] de l’union de la parole et du corps4Miller J.-A., « L’inconscient et le corps parlant », La Cause du désir, 2014/3, n° 88.». Mettre en avant le traumatisme provoqué par la rencontre de certains signifiants qui détermine un destin « tu seras une battante », analyser l’impact des impératifs de bien-être contemporains, préciser la fonction de l’agitation des corps si présente dans la clinique de l’enfant ou encore situer à l’heure des réseaux sociaux la place de l’image et du corps parlant, seront des pistes explorées afin d’éclairer comment jouissance de la parole et jouissance du corps peuvent être visées par un dire interprétatif. 

  • 1
    Lacan J., « Le phénomène lacanien », Tiré à part des Cahiers cliniques de Nice, n°1, juin 1998, p. 30.
  • 2
    Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le sinthome, Seuil, Paris, 2005, p. 17.
  • 3
    Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, Seuil, Paris, 1975, p. 118.
  • 4
    Miller J.-A., « L’inconscient et le corps parlant », La Cause du désir, 2014/3, n° 88.

Date et heure

Le ,

Lieu

Hotel West-end
31 Promenade des Anglais
06000 Nice

Autres informations

Inscriptions : acfeneca.inscription@gmail.com

Tarif

30 euros et 15 euros pour les étudiants

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