« Tout le monde est fou » – Présentation du volume Scilicet par Gustavo Stiglitz

Le prochain congrès de l’Association mondiale de psychanalyse (AMP) se déroulera en février 2024. Son thème est annoncé par son titre : Tout le monde est fou. Cet aphorisme de Lacan est extrait par Jacques-Alain Miller d’un texte initialement publié dans Ornicar ?, alors complété d’une précision : « c’est-à-dire délirant ». C’est l’époque du Séminaire « Le moment de conclure » et cette formule lapidaire, qui peut sonner comme un slogan, consonne aussi bien avec la dépathologisation actuelle, qu’avec la pente à l’égalitarisme. « Freud a considéré que rien n’est que rêve », écrit aussi Lacan, qui en est alors à ranger toutes les productions humaines, religions, raison, science, arts et psychanalyse tout autant, comme des « élucubration[s] de savoir » sur l’impossible à dire. J.-A. Miller souligne le caractère testamentaire de ce tout dernier enseignement de Lacan.

Comment entendre cette orientation sans verser dans le relativisme ou le cynisme, comment les analystes d’orientation lacanienne se tiennent à la hauteur du réel tout en ne cédant pas sur leur acte?

Ce volume Scilicet, conçu pour préparer ce congrès international, rassemble 113 contributions écrites par des psychanalystes de l’ensemble des Écoles de l’AMP, éclairant les multiples facettes de ce thème dont ils font apparaître la brûlante actualité au regard de la clinique d’aujourd’hui comme des débats qu’alimente la forme contemporaine du malaise dans la civilisation.

Le volume est ouvert par la conférence de J.-A. Miller annonçant le congrès et son titre, et par le texte de Lacan daté de 1978, « Lacan pour Vincennes ! » qui dit l’enjeu de l’expérience du département de psychanalyse : « Comment faire pour enseigner ce qui ne s’enseigne pas ? »