Nouage, n°11- ACF Midi-Pyrénées
Présentation:
Le dernier Nouage n° 11 « Les effets de la parole en institution », a une portée clinique et politique. Avec une couverture lumineuse grâce à Edith Pon, notre graphiste et avec des textes sans coquilles, grâce à l’équipe d’édition gouvernée par Véronique Foissez-Notte, ce numéro comporte aussi des images !
Sous l’intitulé des effets de la parole, voilà réunis des articles dont l’unité n’ôte rien à la singularité. Pascale Rivals introduit ce numéro avec un « ça rate » prometteur ! L’article de Gilles Mouillac nous initie aux usages du numérique dans la clinique contemporaine. Avec Angèle Terrier, nous poussons la porte d’un lieu dédié à l’accueil des tout-petits. Nous sommes au pays des jeux de rôle, avec Simon Madrona et Damien Bonnefis à l’hôpital pour adolescents Boris Vian. Emilie Fernandez nous rappelle que vouloir la clinique est une affaire de désir. Et Florence Nègre fait valoir que la seule institution c’est le transfert. Quant à Vanessa Sudreau, elle transmet l’expérience, oh combien indispensable dans les lieux institutionnels, de l’analyse des pratiques. Sans oublier que l’artiste toujours nous précède. Sandy Claise nous offre une lecture des Misérables de Ladj Ly, film qui a trouvé une actualité brûlante au printemps. Et pour clôturer en mouvement, Stéphanie Fuster nous amène sur la piste de danse de son expérience flamenca.
Bonne rentrée et bonne lecture,
Marie Christine Bruyère,
Editorial :
« La parole comme expérience humaine est au fondement de toute institution ; elle est le moyen par lequel se noue le lien social mais elle est aussi le lieu du malentendu et du tourment. »
Angèle Terrier, « La pratique psychanalytique avec les enfants en institution ».
« Nous ne voulons plus d’une justice qui n’écoute pas et qui chronomètre tout », pouvions-nous lire dans l’appel de magistrat·e·s et greffier·e·s dans une tribune du journal Le Monde [1] . « Un endroit où on se parle et on s’écoute », « reprendre du temps », indique Jeanne Herry, réalisatrice, évoquant son film Je verrai toujours vos visages [2] dans une interview à France inter [3]. Actuellement et dans divers champs, la parole et surtout son effacement, sont une préoccupation dont les conséquences délétères se ressentent. Mais comment distinguer les effets de la parole dans l’orientation lacanienne, parmi les nombreuses pratiques de l’écoute ?
L’Association de la Cause freudienne en Midi-Pyrénées, en lien étroit avec l’École de la Cause freudienne, est présente dans la clinique, le champ social et politique de notre région. Elle met au travail les préoccupations liées à notre modernité et contribue à l’action lacanienne. À ce titre, elle s’intéresse à l’accueil des sujets en souffrance dans les institutions.
En janvier 2022, Victor Rodriguez, alors nouveau délégué de l’ACF en MP nous invitait à travailler sur « les effets de la parole », rappelant les mots de Jacques‑Alain Miller : la psychanalyse vraie « est celle qui reconnaît les effets de langage dans la maladie intrinsèque à l’être humain comme être parlant et comme être parlé c’est-à-dire comme parlêtre. [4] »
La parole est constitutive de l’être humain en tant qu’elle se noue à l’Autre et au corps. Elle entraîne dans son sillage le désir. Lequel désir est toujours « extra‑normatif ». Un accueil éclairé des sujets et de leurs mots, dénoué des préjugés, ou une visée adaptative peut produire des effets notables dans l’existence. À quelles conditions ? Par quelles voies logiques ?
Vous pourrez découvrir dans ce nouveau numéro du bulletin Nouage des interventions entendues dans l’ACF en MP, à Albi et Toulouse, dont les textes ici rassemblés, tracent des perspectives sur des questions cruciales : Comment le déchaînement pulsionnel se fait jour à l’époque de la chute de la fonction symbolique, via le film Les Misérables ; comment est engagé le destin d’un enfant selon la façon dont les adultes se saisissent de sa parole, de celle de ses parents, tel que le démontre Angèle Terrier à l’origine de la création du CLAP-Passage des tout-petits ; de quelle façon dans l’institution, les pratiques comme celles des GAP [5] peuvent orienter les modalités du transfert. Gilles Mouillac nous indique, à partir de l’expérience de l’institution le « Nom-lieu », comment le maniement des usages du numérique peut maintenir le fil du symptôme et ouvrir une voie pour un sujet. Vous pourrez lire également que les effets de la parole ne vont pas sans un engagement décidé du praticien et l’institution du transfert, dans deux textes de praticiennes en CMPP [6] enfants et adultes ; par quel moyen des rencontres contingentes peuvent orienter un sujet de façon décisive dans un hôpital de jour ; ainsi que le témoignage d’une artiste qui dit son trajet de l’image aux mots.
Pascale Rivals est psychanalyste, membre de l’ECF et de l’ACF en MP.
[1] Collectif, « L’appel de 3 000 magistrats et d’une centaine de greffiers : “Nous ne voulons plus d’une justice qui n’écoute pas et qui chronomètre tout” », Tribune, Le Monde, 23 novembre 2021.
[2] Herry J., Je verrai toujours vos visages, film français, 2023.
[3] « Jeanne Herry : «Le manque de dialogue, la polarisation, je trouve ça très compliqué à vivre» », l’invité de 7h50, France Inter, 27 mars 2023.
[4] Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Choses de finesse en psychanalyse », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris 8, cours du 19 novembre 2008, inédit.
[5] Groupe d’analyse des pratiques.
[6] Centre Médico-Psycho-Pédagogique
Prix : 12 euros