Pour son colloque qui nous convie à passer « Une journée chez Flaubert », l’ACF en Normandie invite Delphine Jayot, enseignant-chercheur en littérature française à l’Université de Eötvös (Elte) à Budapest, Membre du groupe « Flaubert » de l’ITEM/CNRS, Joëlle Robert, vice-présidente des » Amis de Flaubert et de Maupassant » de Rouen, Membre associé du Cérédi, Laboratoire de lettres de l’Université de Rouen, mais aussi Clotilde Leguil et Philippe Hellebois, psychanalystes, membres de l’Ecole de la Cause freudienne et de l’Association Mondiale de Psychanalyse.
Argument
Lydie Lemercier-Gemptel
Si l’artiste, selon Jacques Lacan, fraie la voie au psychanalyste, que nous enseigne aujourd’hui encore dans notre monde contemporain, Gustave Flaubert, l’écrivain normand du XIXe siècle qui nous a laissé quelques-uns des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française ? Lors de cette « journée chez Flaubert », le 15 avril prochain, Madame Bovary, ce classique qui nous parle encore, sera particulièrement convoqué sans oublier le procès, pour « outrage à la morale publique et religieuse », qui en a suivi. Cette situation résonne étrangement avec la subjectivité de notre époque quand le blasphème ressurgit de façon inquiétante ! D’autres romans seront introduits, tant ceux de la maturité que de la jeunesse, jusqu’à Bouvard et Pécuchet resté inachevé… Si l’œuvre, selon Gustave Flaubert, doit s’imposer par son style délibérément impersonnel avec une narration distante, quel est l’enjeu de cette révolution formelle ? « Ce que je voudrais faire, écrit-il à Louise Colet le 16 janvier 1852, c’est un livre sur rien, sans attache extérieure qui se tiendrait de lui-même que par la force intérieure de son style. » De ce lieu vide que le style tente de cerner, il en fait condition d’écriture pour exposer, dans une position d’extraterritorialité, à travers une prolifération descriptive de menus détails du quotidien, le plus intime de chaque sujet, sans jamais céder sur l’humanité de leurs croyances, de leur quête toujours déçue de bonheur et d’amour, ni sur la bêtise de leurs énoncés. Inlassablement, Gustave Flaubert regarde le monde, écrit, accumule un savoir encyclopédique, rature, dissèque. Mais par ce travail de la lettre, de ce qu’elle dérobe à ce qu’elle restitue, se découvre au-delà des mots, au-delà de tous les semblants un réel insoutenable, indicible, un trou qui nomme l’épreuve de la perte irrémédiable que la langue inflige aux êtres parlants… De cette place béante, le « rien » vient interroger chacun tant sur son sexe que sur son existence.
L’ermite de Croisset se voue ainsi à la religion de l’écriture. Est-ce une solution trouvée pour rester vivant dans « ce monde-là » ? Dans cet échange fatidique par où la lettre vient à se substituer au désir, de quelle jouissance l’acte d’écrire est-il donc le recel, d’être préférée à toute autre ?
Du mystère de cet écrivain désenchanté, sceptique jusqu’au bord du désespoir aux héros flaubertiens faits de chairs palpitantes, en lambeaux, au choix d’un style… autant de pistes pour ouvrir des échanges possibles entre littérature et psychanalyse.
Date et heure
Le ,
Lieu
Salle du Consortium des Sociétés savantes
190 rue Beauvoisine
76000 Rouen
Autres informations
Tarif
25€ tarif normal.
15€ étudiants, demandeurs d’emploi.
Inscription
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