Ce qui fait une vie, ce qu’enseigne la psychanalyse

Dans le cadre de son cycle de conférences 2024 « Institutions : un lieu pour un lien », l’ACF Voie domitienne organise une journée de travail avec Caroline Doucet, psychanalyste à Rennes, maître de conférences au département de l’université Paris 8, membre de l’École de la Cause freudienne, sur le thème « Éthique du vivant dans le soin ».

Argument

Une matinée clinique suivie, l’après-midi, de la conférence de Caroline Doucet qui aura pour titre « Ce qui fait une vie, ce qu’enseigne la psychanalyse ».

Dans un texte publié sur l’Hebdo Blog le 16 avril 2023, elle écrit :

«  […] quant aux repères épistémologiques et cliniques freudiens propres à diagnostiquer la souffrance psychique, ils sont mis à mal par la disparition de l’hypothèse de la causalité psychique et des pratiques de parole dans les services de soin. Et ce, alors que le désir de vivre n’a rien de naturel, qu’il prend racine dans la façon dont le sujet s’est inscrit dans le langage, et qu’il dépend du lien à l’autre et de la possibilité de parler de ce qui nous arrive. »

Puis de rajouter « […] qu’il faut entendre aujourd’hui l’alerte des soignants entre les mains desquels la loi remet l’aide active à mourir. Ces pratiques ne peuvent se passer de l’éthique analytique qui consiste à identifier le désir à l’origine de notre action.1 « 

Tel un tsunami le projet de loi visant « l’aide active à mourir » est revenu percuter de plein fouet les équipes soignantes. L’intranquillité est déjà très présente dans leur quotidien lorsqu’il s’agit de prendre soin de personnes vulnérables. L’annonce de cette loi portée par les médias l’a majorée, l’effet d’annonce produisant une augmentation importante des demandes à mourir, demandes renforcées par l’idée d’un droit non discutable.

Le discours contemporain laisse à penser qu’il est possible de maîtriser sa mort comme sa vie. 

Or nous ne savons ni ce qu’est la mort et encore moins ce qu’est la vie !

Et Lacan de dire « Nous ne savons pas ce que c’est que d’être vivant sinon seulement ceci, qu’un corps ça se jouit.2 « 

La demande du patient, son désir, sa jouissance ne sont pas choses simples à décrypter. Quant à l’intention du soignant face à ce réel de la mort et aux effets miroirs que cela engendre, elle ne l’est pas non plus.

Alors comment appréhender ces moments particulièrement éprouvants dans les services ? Comment faire avec le réel qui surgit lui bien vivant et l’angoisse qui l’accompagne dans cette rencontre patients / soignants ? Comment appréhender cet entre-deux en institution ? 

L’institution n’est pas isolée de la subjectivité contemporaine. Elle est traversée, entamée par le discours capitaliste, comptable, où la rentabilité prend les commandes en s’alliant au discours de la science. Le sujet n’y est pas compté. Les protocoles sont pensés pour un contrôle ne laissant aucune surprise possible. Ils alignent les patients, tous derrière celui que l’on nomme « patient traceur ». La singularité n’y est plus de mise. Et comme l’illustre le projet de loi d’aide à mourir, au médecin on dit ce qu’il doit faire, quand et comment. Ce désir de contrôle omniprésent en institution hospitalière vient étouffer ce qui du côté des soignants est du registre de l’art. 

Soigner c’est songer à, c’est à dire se pré-occuper. Cela nécessite un temps pour une rencontre toujours inédite, au un par un, afin de pouvoir appréhender la complexité du parlêtre, du corps parlant, du manque-à-être, termes de Jacques Lacan qui soulignent ce qui fait la consistance de notre condition humaine.

Nous souhaitons que cette journée parle à chacun, au plus près de son vécu. 

La forme sera des plus vivantes pour que la parole puisse faire surprise et circuler librement.

Le matin nous écouterons des soignants de Narbonne et de Béziers qui présenteront des cas cliniques afin d’ouvrir une discussion autour des problématiques qui y seront évoquées.

L’après-midi, nous aurons le plaisir et le privilège d’écouter Caroline Doucet sur « Ce qui fait une vie, ce qu’enseigne la psychanalyse », où il sera question de l’éthique du vivant, du comment se rendre – et le rester – vivant dans le concret de nos pratiques professionnelles, subjectives, toujours singulières en institution.

En sa présence nous tenterons de mieux cerner en quoi la psychanalyse peut nous aider, nous orienter pour ne pas sombrer, et rester désirants dans cette rencontre d’un autre en demande. 


1 Doucet C., « Proposition de loi sur la fin de vie : réflexions d’éthique lacanienne », L’Hebdo-Blog 301,2023.

2 Lacan J., Le séminaire , livre XX, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 26.

Date et heure

Le ,

Lieu

Salle Elie Sermet
Palais du travail
1 Boulevard Frédéric Mistral
11000 Narbonne

Autres informations

Renseignements : Informations-acfvd.perpignan.narbonneibeziers@gmail.com

Tarif

Normal 20€ / Étudiants 5€

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ACF Voie dominitienne

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