L’épistémologie élémentaire à l’usage des cliniciens qui lisent Lacan

Argument

En 1985, Jacques-Alain Miller a pu dire : je crois que Lacan a continuellement pensé contre Lacan.¹Miller J.-A., in Semblants et sinthome, Paris, ECF, coll. Rue Huysmans, 2009, p. 17 & Entretien sur le Séminaire avec François Ansermet, Paris, Navarin, 1985, p. 44 & 64-65. » Il n’a jamais lâché ce fil.

Accepter cette orientation de lecture qui, dans notre École, fait boussole, oblige à définir ce qu’est un concept, comment il se construit, ce qu’il retient ou laisse hors de son champ. On peut croire qu’un concept est une affirmation: un mot le désigne, une définition le spécifie, des conséquences s’en déduisent. S’il en était ainsi, logiciens et épistémologues seraient au chômage intellectuel. Le terme d’œuvre est inadéquat pour désigner l’apport de Lacan à la psychanalyse. Celui d’enseignement est plus juste. Un enseignement accepte les contradictions et exclut la congruence logique comme mot de la fin. Le rejet de la cohérence à tout prix n’est nullement l’option de l’incohérence. La postulation du mathème y est possible – existent, dans les recherches mathématiques, des mathèmes rigoureux pour écrire l’à-peu-près (≈, ≃, ≅).

Acceptons ce pari : qu’un concept puisse varier en extension et en compréhension (mots de Canguilhem) et qu’à le faire jouer, il révèle et une avancée et une limite : il est construction et déconstruction.

Cet exercice de lecture prendra appui sur Télévision (1973) en interrogeant ce jeu entre le texte écrit par Lacan et ce que J.-A. Miller inscrit dans les marges « en guise de manuductio« . Inutile d’être sophistiqué ou de multiplier les références savantes. Nous visons une épistémologie élémentaire pour lire avec tact…

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  Miller J.-A., in Semblants et sinthome, Paris, ECF, coll. Rue Huysmans, 2009, p. 17 & Entretien sur le Séminaire avec François Ansermet, Paris, Navarin, 1985, p. 44 & 64-65.